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La cornemuse au 18ème siècles

La connaissance de l'instrument s'améliore nettement à partir du XVIIème siècle. En effet dès le début de ce siècle apparaissent les premiers traités sur la musique et les instruments. Nous disposons alors pour la première fois de véritables descriptions d'instruments et non plus de documents divers dont l'objet premier était tout autre (œuvres d'art, pièces d'archives, extraits littéraires) et dont la véracité sur le plan organologique n'était pas assurée. Le premier des ouvrages qui nous intéressent en ce domaine est le "De syntagma musicium - de organographia " de Praetorius qui parait en Allemagne en 1619 et décrit, entre autres, six types de cornemuses dont la musette baroque française. Puis paraît en 1636 la monumentale " Harmonie universelle " de Marin Mersenne qui nous livre la science de l'époque en matière de musique et d'organologie. M.Mersenne décrit la musette baroque, la cornemuse des bergers ou cornemuse de Poitou, la zampogna italienne et son très complexe dérivé : la sourdeline. Pierre Trichet, enfin, publie vers 1640 son traité des instruments de musique qui reprend un certain nombre d'éléments déjà décrits par Mersenne et fait des ajouts personnels (sur la sourdeline par exemple). C'est en ce même siècle que vont également paraître les premières méthodes instrumentales et notamment la méthode de musette de Borjon de Scellery en 1672 ou, en Italie, les tablatures pour sourdeline de Giovanni Lorenzo Baldano . Si tous ces ouvrages nous permettent aujourd'hui de bien connaître la musette baroque, son répertoire, son jeu et son contexte social ils ne nous font qu'entrevoir les autres types de cornemuses et il est probable que la plupart des types de cornemuses plus populaires n'y apparaissent pas.

Présente dès le XVIème siècle, la musette baroque va connaître son apogée au XVIIIème siècle mais également son déclin qui surviendra quelques temps avant la révolution.

Rappelons que cette cornemuse fut jouée pour et par la noblesse française puis européenne (il existe divers témoignages de son usage outre-Rhin) et que sa facture évolua en fonction des impératifs de son rang : gonflée au moyen d'un soufflet, dotée d'un bourdon de forme très compacte et de chalumeaux de petite taille, tournée en ivoire ou dans des bois précieux, la musette est dotée d'une sonorité relativement douce et de possibilités musicales étendues : clétage chromatique, petit chalumeau permettant d'étendre la tessiture puis de jouer deux voix simultanées, bourdons multiples etc...

A travers la musette baroque, la cornemuse passe de la tradition orale à la musique écrite. D'importants compositeurs l'utiliseront dans leurs œuvres (Corette, Rameau, J.Bodin de Boismortier, N. Chédeville etc...) et elle sera présente aussi bien dans les salons aux mains des nobles amateurs de l'époque (qui , outre la méthode de Borjon déjà citée, disposent alors de celle de Jacques Hotteterre publiée en 1738) qu'à l'opéra dans celles de talentueux musiciens professionnels

C'est l'instrument des fêtes champêtres chères à Watteau, il sera souvent représenté sur des tableaux de ce style.

Il sera également représenté sur de nombreux trophées d'instruments de musique (sculpture, marqueterie, bronzes d'ameublement, stuc...) et ce même après la fin de l'usage de l'instrument. Ces représentations sont souvent schématiques, surtout lorsqu'elles sont tardives

L'instrument : il s'agit d'un modèle particulier de cornemuse, de petite taille, dont la forme intérieure des tuyaux est cylindrique. La musette est alimentée en air par un soufflet. Ses bourdons sont tous contenus dans une même pièce cylindrique à multiples perces parallèles dont certaines sont reliées entres elles afin de réaliser un tuyau de grande longueur dans un encombrement réduit. Des coulisses à la périphérie de ce cylindre permettent de mettre en service ces bourdons en fonction de la tonalité de jeu et d'accorder les bourdons. Toutes les anches sont doubles.