L'instrument a une tessiture de deux octaves sur le Chanter
(l'équivalent du levriad d'une cornemuse classique), ainsi qu'un
jeu de clefs permettant de jouer les altérations. C'est
également, avec le Small Pipes, la seule cornemuse capable de ne
produire aucun son; les autres cornemuses jouent les notes
produites par les bourdons de manière continue, et ne peuvent
interrompre la mélodie. Pour ce faire, le musicien dispose d'une
clef sur la souche des bourdons, permettant d'interrompre le
flux d'air qui leur est envoyé, ainsi qu'un petit morceau de
cuir qu'il pose sur son genou, pour y poser l'extrémité du
chanter afin de boucher toutes les sorties d'air et
d'interrompre le flux d'air produisant la mélodie ; cela lui
permet notamment de jouer staccato.
L'entrée d'air dans
le sac se fait par le biais d'un soufflet, fixé d'un côté à la
taille et de l'autre côté au niveau du biceps ; le mouvement du
bras active ce soufflet. Ce geste explique le nom de
l'instrument, uilleann signifiant "coude" en gaélique. Un
tuyau souple relie ce soufflet à la poche de la cornemuse afin
de la remplir d'air.
Le Uillean Pipes dispose classiquement de trois bourdons,
accordés à trois octaves différentes, ce qui est inhabituel dans
la mesure où les bourdons sont généralement accordés à la quinte
et l'octave sur une cornemuse plus classique. Il y a
également quelques rares instruments dotés de quatre
bourdons.(mais le facteur Alain Froment a équipé certains de ses
sets d'un bourdon à la quinte, et cette configuration n'est plus
si rare)
A côté des bourdons, on trouve un jeu de régulateurs, qui
sont utilisés pour jouer des notes pour accompagner la mélodie,
actionnés par le poignet du musicien ; le nombre de régulateurs
varie de zéro à cinq. Il faut noter dans la musique
traditionnelle la similitude de jeu entre le fiddle et le
uilleann pipes, particulièrement flagrante entre le jeu de Kevin
Burke et Paddy Keenan au sein du groupe The Bothy Band ; le
piper joue sur ses régulateurs les mêmes notes que le
fiddler sur ses cordes ; produisant les mêmes accords ; le
fiddle et le pipes jouant à l'unisson.
On trouve beaucoup d'instrumentistes ne disposant ni de
bourdons, ni de régulateurs, sur des instruments (set)
appelés généralement à tort practice set (littér.
"instrument d'étude"). En fait, nombre de pipers
utilisent ces instruments toute leur vie. On trouve également
sous les nom de half set ("demi-instrument") des
cornemuses équipées uniquement des bourdons, sans régulateurs.
Enfin, on trouve des trois-quarts de set, où le
régulateur basse, dissocié des autres, est omis.
Ces instruments incomplets le sont généralement pour
des raisons de coût et de complexité d'entretien. Le réglage des
bourdons, régulateurs et du chanter sont très difficiles
à faire, et il faut compter environ 1500 euros pour un
practice set, le double pour un half set, le triple
pour un full set.
Cet instrument si caractéristique doit sa forme et son
utilisation à une réglementation très stricte en matière de
musique imposée pendant de nombreux siècles aux Irlandais par
les Anglais. Ne souhaitant plus voir de joueurs de cornemuse sur
leurs terres, ils avaient interdit de souffler dans un
instrument, et tout simplement même de jouer debout ( source :
Na Piobairi Uilleann).
Certains chanters de uilleann pipes peuvent porter
jusqu'à 7 voire 8 clefs donnant accès à des notes
intermédiaires, et sont généralement accordés en ré ("D
concert set") ou en do, do#, si, ou plus rarement, sib ou
même la, qu'on appelle des "flat set". Les chanters
peuvent être équipés d'une stop key, un clef qui
interrompt le flux d'air et permet donc d'accorder les bourdons
et régulateurs sans que le chanter n'émette de son.
Le uilleann pipes le plus complexe connu à ce jour est équipé
de 5 bourdons et de 5 régulateurs au lieu des 3 habituels.
Elle a plus de ressemblances avec la musette de cour qu'avec
la grande cornemuse des highlands:En plus d'une poche et
d'un chalumeau qu'elle partage avec toutes les cornemuses,
elle comporte:
- un soufflet , actionné par le coude (d'où le nom de
l'instrument: uilleann est le génitif de uille qui
signifie coude), qui permet de gonfler la poche avec de
l'air sec.
- des bourdons, en général au nombre de 3 qui sonnent
respectivement à l'unisson (ténor), une octave au
dessous (baryton), et deux octaves au dessous (basse) de
la note la plus basse du chalumeau; mon instrument a
également un 4ème bourdon qui sonne au choix la quinte
ou la quarte entre le ténor et le baryton.
- des régulateurs, en général au nombre de 3 qui sont
des sortes de chalumeaux supplémentaires, pourvus de
clés actionnées par le poignet, et qui permettent
d'ajouter un accompagnement rythmique, ou harmonique, ou
une ligne de basse.
Le chalumeau de la cornemuse irlandaise a la
particularité rare de pouvoir jouer sur une étendue
d'environ 2 octaves (de 11 notes pour les plus mauvais
instruments à 16 pour un bon instrument ,bien anché, pendant
une météo favorable).

Histoire
Autrefois la cornemuse irlandaise et la cornemuse
écossaise étaient un seul et même instrument, qui
ressemblait à la cornemuse écossaise actuelle (piob
mor) avec un seul
puis deux bourdons. A l'époque de Cromwell (?) la
cornemuse fut interdite pour différentes raisons dont le
répertoire trop nationaliste et l'utilisation traditionnelle
d'accompagnement des "terroristes" (comme on appelle les
résistants sous tous les régimes totalitaires ou
impérialistes).
Pour la remplacer les irlandais conçurent un nouvel
instrument sur la base de la cornemuse pastorale (pastoral
pipes), qui
ressemblait à l'actuelle
cornemuse du Northumberland. Les régulateurs furent
introduits au tout début du XIXème siècle, et ce n'est qu'au
XXème siècle que l'instrument se standardisa quelque peu.
Le pastoral pipes fut lui-même inventé par
les facteurs des border lands, depuis la musette de cour
française importée en Ecosse après 1680.
Tant que la cornemuse irlandaise resta un instrument
limité à l'Irlande, son volume sonore resta faible, sa
tonalité plutôt grave (entre si bémol et do dièse), et sans
lien avec le diapason (l'instrument de Jimmy OBrien-Moran est
accordé à peu près exactement à mi chemin entre si et si
bémol). Avec la grande vague d'émigration aux Etats-Unis, un
nouveau besoin se fit sentir de sonoriser des salles de
concert ou de danse. Différentes solutions furent testées
dont des chalumeaux à perce multiple, et surtout
l'utilisation d'une perce plus large associée à une tonalité
plus aigüe (ré) correspondant à celle des autres instruments
qui entraient alors dans la pratique des musiciens
traditionnels.
Aujourd'hui c'est cet instrument accordé en ré, dit
"concert pitch", plus précisément un instrument fabriqué sur
le modèle des instruments réalisés par Léo Rowsome, qui
constitue la grosse majorité des cornemuses irlandaises
qu'on peut rencontrer, même si les puristes préfèrent les
"flat sets" au son plus doux, plus faciles à jouer, à
fabriquer et à ancher.
Cet instrument est visible lors de
sessions irlandaises dans les pub, bar, etc, ou, lors de
festivals, fêtes de la musique à caractère celtique
Pour en savoir plus aller sur le site
http://lanredec.free.fr/UP/index.html
(site avec une méthode pour apprendre les bases)
Quelques grands joueurs de
cornemuse irlandaise :
Liam O' Flynn,
Paddy
Keenan,
Jerry
O'Sullivan,
John
MacSherry,
Davy
Spillane...
Méthode pour apprendre :
http://www.alain-pennec.com/edition/methode_uilleann_pipe.html
Quelques sites à visiter d'urgence :
http://www.raysloan.com/
Cornemuse irlandaise
de Lanredec.free.fr
http://www.uilleann.com/
Na Pioairi Uilleann
(association des joueurs de Uilleann Pipes)
site de l'Association Gan Ainm qui regroupe les uilleann-pipers
de Bretagne
Site du facteur d'instruments Andreas Rogge (en anglais)
Site du facteur d'instruments Brian Howard
Site officiel de Davy Spillane
Page consacrée à Liam O'Flynn]
Site officiel de Paddy Keenan